50 Nuances de Blank
Chaque jour est une f*cking nouvelle page blanche. L’impression d’avancer mais de retourner au point de départ à chaque fois. Et pendant ce temps, tic, tac…
Écrire sans compter? Non.
J’avais envie de parler de quelque chose de différent…
Tu commences à le savoir à présent, j’écris depuis 10 ans et sérieusement depuis 5 ans. Bon, ayant à présent 26 ans, j’imagine que tu peux rajouter 1 an mais 11 ans et 6 ans c’est quand même moins charmant.
Bien sûr, je suis réellement prolifique dans mon écriture que depuis ces derniers mois et ce n’est pas peu dire. Vois-tu, chaque jour que j’écris, je le note dans un tableau. Je note le nombre de mots, le temps passé, l’histoire en question… Et je fais cela consciencieusement depuis 2018. Figure-toi qu’en Mai 2020, au regard des mots écrits, j’ai battu mon record des deux dernières années. J’ai écrit 15.000 mots. Mon record précédent date de Mars 2018 avec 10.000 mots.
Alors oui, tu vas me dire “Mais Pierre-A, ce n’est pas le nombre de mots qui compte!”. Alors, bravo pour le jeu de mots et ensuite, tu as tout à fait raison. Compter les mots, les heures, c’est surtout une manière pour moi de rester motivé, de voir mes progrès! Eh puis, le temps passé à ne pas écrire n’est lui pas présent. Toutes ces heures à griffonner, imaginer, rêvasser, ne s’ajoutent pas au score de mots / minutes. Je l’ajoute quand même à la louche pour la bonne forme même si j’en connais la valeur.
En Mai 2020, j’aurais bien pu participer aux Plumes Francophones 2020 mais je ne l’ai pas fait car je n’étais pas prêt, artistiquement parlant. Pour faire connaître mon roman, Hebenelia, je n’ai le droit qu’à un seul essai avec ce concours et je ne veux pas le gâcher! Du coup, j’ai préféré faire l’impasse et en échange, j’ai beaucoup, beaucoup écrit, selon mes propres standards.
Mais voilà… Mon roman, lui, n’avance pas beaucoup.
Procrastination créative
Ces dernières semaines, j’ai procrastiné à ma manière. Je me suis attelé à la dure tâche de boucler mon monde et le scénario de toute ma trilogie.
Car oui, Hebenelia verra au moins une trilogie, certainement 2, probablement 3. Une, dans tous les cas. Oh dear, me voilà que je compte à nouveau… Déformation professionnelle. Save me.
Oh tiens, tu ne sais pas de quoi je parle quand je te dis Hebenelia?
Hebenelia, c’est le monde créé par nos rêves et cauchemars dans lequel prend place mon roman du même nom. J’y raconte l’histoire d’une lycéenne comme les autres, Clara, qui voit sa mère disparaître tandis que des pouvoirs étranges se réveillent en elle. Appelée avec ses deux meilleurs amis, Lyzia et William, à préserver l’équilibre entre ombre & lumière, elle part à sa recherche et devra appréhender sa vraie nature dans un monde qui lui est inconnu.
Ce roman est un freakin’ patchwork. Je l’ai écrit pendant des années au fil de mes envies et idées comme remède à mon manque d’évasion. Il n’avait pas de vrai fil conducteur et encore moins un horizon défini jusqu’à 2016. Depuis, il en a vu des changements et je n’ose pas regarder toutes les versions que j’ai soigneusement stockées pour rire de mon immaturité dans 10 ans. Et, à dire vrai, elles sont aussi là pour me prouver le chemin parcouru après toutes ces années à écrire. Bref, le Tome 1 a donc maintenant une belle structure et beaucoup de gouffres scénaristiques sont comblés par la magie de la planification et du travail acharné, même s’il y a encore beaucoup à faire.
Pardon.
Même s’il y a encore beaucoup trop à faire.
Je te parle, je te parle, mais dans le fond, j’ai envie de m’auto-mordre de frustration. C’est pour cela que je t’écris aujourd’hui: cela fait deux semaines que je n’avance pas. Probablement plus.
J’ai fait tout un joli mindmap de mon monde avec toutes les idées qui popent dans ma tête et que je souhaite définir. Un mindmap, c’est tout simplement plein de bubulles avec des traits qui partent dans tous les sens pour se connecter et faire germer tes idées. Mon monde est complexe et je dois me pardonner d’avoir tant à en dire. Je dois définir la monnaie, l’économie, la politique, la magie, le système solaire, les mécanismes qui découlent de tout ça, les différences culturelles, les relations entre les peuples… Oh oui, j’aurais dû le faire il y a longtemps mais figure-toi qu’il y a une infinité d’autres points!
Bon, ce mindmap, je l’ai fait. C’est fun mais franchement, entre nous, je n’ai pas l’impression d’avoir de quoi être fier. Ce sont juste des mots et des traits. Oh wait, une histoire, c’est juste des mots anyway… Le gros du travail n’est pas dans le mindmap, il est dans la compilation de toutes ces idées pour en faire plus que des idées: créer un univers crédible où mes lecteurs se perdront. Où tu te perdras.
Le gros du travail n’est pas dans le mindmap, il est dans la compilation de toutes ces idées pour en faire plus que des idées: créer un univers crédible où mes lecteurs se perdront.
Déjà, ça, c’est un grand sujet d’angoisse pour moi actuellement puisque j’ai passé plusieurs jours devant mon écran à attendre, à cracher trois mots, à penser à autre chose car, entre nous, j’ai des troubles de l’attention.
Maintenant, j’ai laissé mon système solaire de côté pour me diriger vers le scénario, en attendant que les illuminations divines touchent mes pensées. Je m’étais dit “chouette! ce sera plus funky, ça!”. HA HA.
You’re a fool.
C’est pas du tout plus simple. C’est même pire.
Chaque jour est une (f*cking) nouvelle page blanche.
Après autant d’années à écrire, j’ai trouvé mes propres clés pour ne plus faire face à ce que l’on appelle communément le “syndrome de la page blanche”. J’ai trouvé comment faire fonctionner cet organe vital qui s’appelle l’Imagination. Ces dernières semaines à t’écrire n’y sont pas pour rien!
Je ne te parle donc pas de problème d’inspiration.
Depuis deux ans à présent, j’ai beaucoup lu autour de l’écriture de scénario, la création des personnages, la conception d’univers… À chaque nouvel apprentissage, je me lançais dans tout un travail sur mon bouquin pour le rendre toujours meilleur. J’ai mis mon scénario à plat un bon nombre de fois, écris et réécris mes personnages pour toujours mieux les comprendre.
Mais voilà…
Cette semaine, alors que je trouvais une nouvelle méthode qui me correspondait, un plomb à sauté dans ma tête. Voilà une expression que l’on ne comprendra plus dans quelques années, tiens.
Je me retrouvais une fois de plus devant une page blanche à remplir de mes idées et de mon savoir.
J’ai l’impression de faire cela tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, sans jamais avancer.
Oui, bien sûr que je bouge, bien sûr que je progresse.
Mais franchement, j’ai surtout l’impression de sans cesse trébucher pour me noyer dans un flot continu d’idées sans vraiment savoir si le courant me fait avancer ou reculer.
J’ai l’impression de sans cesse trébucher pour me noyer dans un flot continu d’idées sans vraiment savoir si le courant me fait avancer ou reculer.
Fun fact. En disant cela, j’ai atteint les mille mots, soit mon objectif de mots par semaine.
Pas fun fact du tout, je voulais envoyer le Train des Couleurs, une histoire dystopique prenant place dans un monde où les différences culturelles n’ont plus leur place. Sauf que les rouages dans ma tête sont grippés. Voilà la vérité.
Et à ce stade, je ne sais pas comment gérer cela.
L’impasse.
Dois-je faire une pause dans mon écriture? Dois-je au contraire continuer en espérant que le mouvement permette de débloquer les choses?
Je n’en ai fichtrement aucune idée.
Très honnêtement, l’écriture est ma passion la plus chère et pourtant, en ce moment, j’ai l’impression qu’elle me dévore. Si je ne pense pas à mon roman, je pense à ces histoires que je t’écris toutes les semaines.
Mon voeu le plus cher est de t’aider à t’évader, tu le sais. J’espère juste ne pas me perdre en chemin.
Time to go.