Dédoublement – Entre vie de Web Analyst & Écrivain de Fantasy
Web & UX Analyst de jour, écrivain de fantasy de nuit… un conflit grandissant avec un équilibre inexistant. On en parle?
En pleine préparation de mon NaNoWriMo et face à des semaines de travail particulièrement intenses, je prends conscience d’un conflit intérieur.
Être créatif c’est aussi faire face à cette réalisation qu’est la passion VS ce qui nous permet de vivre.
Et parce que je suis loin d’être le seul dans ce cas, j’ai décidé de t’en parler, si cela peut t’aider.
Chut.
Ça va commencer.
J’aime mon métier.
C’est paradoxal, non? J’ai une chance incroyable et pourtant je m’apprête à te parler de conflit intérieur.
Oui, aimer son métier est une chance extraordinaire.
Être à même de vivre grâce à son métier l’est encore plus et cette chance, je l’ai aussi.
Je suis Web & UX Analyst. Enfin, ça, c’est la version courte.
J’étudie l’expérience des internautes sur les sites internet et cherche à comprendre ce qui les empêche de trouver ce dont ils ont besoin pour ensuite tester des solutions.
Enfin, ça, c’est si je parle de ton côté, toi qui navigues. Si je parle du côté de l’entreprise qui a le site (par exemple, moi) ça donnerait plutôt…
J’étudie l’expérience des internautes sur les sites internet et cherche à comprendre pourquoi ils ne réalisent pas ce que j’attends d’eux pour ensuite tester des façons de faire mieux.
Il n’y a pas de “bien” et de “mal”, dans ces deux définitions, seulement la double nature d’une même réalité. Tu cherches quelque chose, je suis là pour que tu le trouves.
Avant d’arriver jusque-là, je me lamentais à 18 ans de savoir ce que je ferai de ma vie avec ce joli Bac ES totalement inutile à notre époque. Il me faudra trois ans de fac en Économie & Gestion et une introduction d’une poignée d’heures au digital marketing pour trouver un bout de réponse. Quelques mois plus tard, j’étais en Irlande pour une césure salvatrice et je découvrais pleinement le commerce numérique, moi qui étais déjà bien à l’aise avec cet univers. Ouais, ma mère me rappelle souvent cette photo de moi en couche sur les genoux de mon père à pianoter sur un clavier d’un vieil ordinateur gros comme un four.
J’ai 26 ans à présent et un MBA Web Business qui n’a que la valeur des 8 entreprises dans lesquelles j’ai fait du digital. Entre mes 18 ans et maintenant, il m’aura donc fallu 8 ans pour trouver ma voie professionnelle… Mais je ne suis pas encore comblé de ce côté.
Pour commencer, je suis encore en France… et à l’image de Sangha qui goûte le sang pour la première fois dans Deux Frères, la saveur de mon expatriation et de mes voyages passés sont un point de non retour qui me laisse un goût d’inachevé. J’ai besoin de repartir, de travailler et de vivre à l’étranger. Les deux sont essentiels et le voyage seul n’est pas une réponse.
Alors oui. J’aime mon métier, mais je ne suis pas comblé, surtout qu’il prend beaucoup trop de place sur ce qui compte réellement à mes yeux.
J’ai besoin de créer
Qu’est-ce qui donne un sens à notre vie?
Pour certain|es, c’est le sport, le travail, l’humanitaire, pour d’autres, l’art, les enfants, le nomadisme… pour moi, c’est raconter des histoires.
S’il y a bien quelque chose que l’on me reproche, c’est d’être beaucoup trop énergique et surtout particulièrement bavard. Pendant très longtemps c’était à cause de la peur d’être invisible et maintenant, c’est juste parce que j’aime partager des anecdotes et créer des instants de bonne humeur. Forcément, le contraste avec mon absence est flagrant de silence!
Raconter des histoires est une manière de m’évader et d’emmener les autres avec moi mais aussi d’exorciser ces démons et ces pensées. Après tout, tu lis actuellement ce qui se passe dans ma tête et ça me fait du bien de t’en parler mais dans le fond, je fais aussi cela avec l’espoir que cela t’aide un jour.
J’ai besoin de créer car c’est encore là que je me sens le mieux.
Tu sais, quand tu es dans cette bulle qui n’existe que pour toi, cette brèche dans l’espace et le temps? Je ne la trouve que quand je lis de la fantasy, quand je joue à des RPG ou quand je me perds dans d’autres mondes ou quand je raconte des histoires… Et en cette période interminable durant laquelle ni les livres, ni les jeux, ni grand chose ne m’atteint vraiment et durablement, créer, c’est tout ce qu’il me reste pour m’évader.
Mais voilà…
L’équilibre est absent
Mon travail occupe mes journées minimums de 9h à 18h, généralement plus, et cela ne prend pas en compte la charge mentale de la semaine ni le poids de la fatigue qui s’ensuit. Résultats?
Le soir, je ne suis bon à rien ou presque et le weekend, mon esprit n’est tout simplement plus opérationnel. Alors oui, je me lève en moyenne à 6h30 et merci le remote work, j’ai du temps pour moi le matin. Je lis, je prends le temps de déjeuner (surtout que c’est 50% de mes repas) et j’espère trouver le temps d’écrire, de créer.
Mais si toi aussi tu crées, tu sais à quel point “créer” n’est pas quelque chose qui se fait sur commande. À l’image de cette fougue brûlante qui t’envahit le temps d’un instant au contact de l’être aimé, la fougue créative s’insinue en toi quand tu t’ouvres à elle, pas quand tu le décides.
Une vague d’imagination emporte ton esprit et te voilà soudain dans les étoiles. Les bougies font place à la mélodie, les regards croqueurs s’égarent sur un carnet, les doigts glissent sur le papier et avec espoir, tu laisses l’univers faire le reste.
Je peine à trouver cette connexion pour créer et plus le temps passe, plus cela me ronge car je n’ai pas la clé pour m’allouer ces instants convoités.
Vient alors la valse des paradoxes circulaires avec des idées comme “j’ai qu’à devenir freelance et laisser plus de place à la création!” ou encore “Je mets de côté la création le temps d’être stable professionnellement et après je m’y remets pleinement!”.
Derrière ton écran, je n’ai pas besoin de t’exposer pourquoi ni l’une ni l’autre de ces questions ne trouvera de réponse convenable.
La vérité, c’est que toi comme moi devons vivre l’instant présent. Il est important de planifier son futur, d’avoir des projets pour soi, qu’il soit de méditer tous les jours où de faire le tour du monde, de passer plus de temps avec sa famille ou d’ouvrir un orphelinat. Il n’y a pas de règles pour être bien avec soi-même, encore faut-il prendre le temps de vivre tout cela est de ne pas être simplement dans le passé ou l’avenir car c’est laisser la place à la nostalgie et l’anxiété.
J’ai encore du chemin à parcourir, pour trouver cet équilibre.
Back to reality
Où en es-tu dans ta vie, es-tu là où tu souhaites être?
Tu as le droit de ne pas savoir si c’est le cas ni comment y arriver.
Après tout, j’ai 26 ans, une belle vie, des gens que j’aime et qui m’aiment en retour et je ne suis pas encore là où je veux être. Cela ne m’empêche pas d’être heureux, simplement d’être épanoui.
Tous les deux, nous trouverons un jour notre voie et cela, c’est une promesse. Tôt ou tard, que ce soit demain ou dans 33 ans, nous trouverons notre place dans l’univers, j’en suis sûr et certain.
Cheers :)