Faire de la place pour l’intuition
Un nouveau pas en avant pour trouver le bonheur dans mon écriture et plus encore. Parlons intuition, parlons créativité!
Bourbier Créatif
Après le NaNoWriMo 2020, c’était difficile, dans mon écriture. Enfin pendant aussi, hein, et avant aussi.
Ouais ok, ça fait depuis Septembre que c’est compliqué. Enfin, peut-être depuis Juillet, en fait?
En Janvier, je te parlais de ma prise de conscience: j’ai trop travaillé sur l’écrivain au détriment de l’humain. Tu y trouveras d’ailleurs un bon gros rembobinage de l’année 2020, sur cet article qui t’aidera à te mettre un peu dans ma peau pour la suite.
Bref, depuis Juillet, disons que j’étais dans un bourbier créatif. Ce n’est pas le premier et sûrement pas le dernier mais je n’en ai jamais vécu de pareil.
Il y avait cette fois peut-être, au retour d’Irlande. J’ai vécu là-bas durant 1 an avant de rentrer terminer mes études, une année ô combien belle et mémorable et l’une des plus prolifiques en matière d’écriture. J’écrivais quasiment tous les matins au réveil avant d’aller au travail, mon thé fumant dans ma tasse-chaudron, confortablement assis à une table ou affalé dans un canapé. I was home. J’ai mis 6 mois à vider ma valise une fois de retour en France et 1 an avant de retrouver un rythme d’écriture stable.
Ouch.
A l’époque, je ne rationalisais pas autant mon écriture que là, probablement car je ne la prenais pas autant au sérieux. Je ne saurais dire ce qui fut le déclic à l’époque quoique j’ai ma petite idée sur pourquoi j’ai tant écrit. Toujours est-il que cette fois-ci, back to 2020, il m’a fallu 6 mois pour sortir de mon “bourbier créatif”.
Wait a minute…
“A l’époque, je ne rationalisais pas autant”. On tient quelque chose sur pourquoi j’avais un tel flow, nan?
La faute à une communauté
Mon retour dans le monde des rêves commence en Janvier et l’enchaînement des événements ne laisse aucun doute sur l’origine de ma convalescence.
Le 10 Janvier 2021, Marjolaine et Stéphane ouvrent la Guilde des Ecrivants. Des écrivants et pas des écrivains. Marjolaine, je t’en ai très souvent parlé. Je l’ai rencontrée il y a bientôt 1 an (décidément, c’est cyclique) et depuis, c’est ma coach éditoriale! Nous nous parlons beaucoup et nous nous aidons mutuellement, c’est elle qui m’a fait poser mon crayon l’été dernier et c’est elle qui m’aide à grandir en tant qu’écrivain aussi. Stéphane, quant à lui, a dernièrement fait une lecture critique et commentée du premier tome d’Hebenelia (nom de code: R&T) ce qui me permet d’aborder ma nouvelle version sous un regard neuf et à jour qu’est le mien mais aussi bienveillant et expert qu’est le sien. Ensemble donc, iels ont créé une communauté, communément appelée la Guilde, mélangeant formation, coaching collectif et bien sûr, partage et échanges.
C’est sur ce dernier point que nous allons nous attarder ici.
A ce stade, moi, je n’avais toujours pas réécrit pour de vrai et c’est grâce à Laure, de façon détournée, si je chevauche à nouveau mon étalon créatif. Laure et moi avons rejoint la Guilde en même temps et elle m’a très vite inspiré à m’y remettre. Elle s’était lancé comme défi personnel d’écrire 1 histoire par jour en 30 minutes chrono, sans relecture et en se basant sur une image imposée par son mari (toutes ses histoires sont sur sa page Panodyssey). Au début, je regardais de loin, jusqu’à ce que je me dise “et pourquoi pas?”. Son défi était parfait pour moi: pas le temps de se poser de questions, obligé de se concentrer durant un temps très court… Pas le temps de rationaliser.
Première histoire, La Demeure… Pas ouf.
Deuxième histoire, La Cabane aux Deux Visages… Pas ouf.
Troisième histoire, La Fleur de Jouvence… Pas ouf.
Quatrième histoire, Néant… Ou Recommencement?… Boom.
En réalité, la quatrième histoire, j’ai changé les règles: écrire une histoire en un coup du début à la fin avec une image choisie pour inspiration. Les règles de Laure me frustraient et c’était une excellente chose! Les trois premières histoires étaient bancales, trop ambitieuses pour 30 minutes et bordéliques, mais pourtant… Elles étaient écrites. And this, my friend, is what makes the difference. J’ai gardé la notion de défi et de limites pour que cela raisonne avec mon processus créatif mais pour cela, il fallait que je comprenne celui-ci davantage et les trois premières histoires m’ont aidé à cela. Les écrire était une première chose mais avoir des retours dessus et échanger sur leur réalisation avec la Guilde a fait la différence également.
Depuis… J’ai retrouvé un rythme d’écriture qui me plaît et je t’en parle dans le chapitre suivant.
Et Hebenelia dans tout ça?
Ah oui!
J’ai décidé d’écrire une nouvelle version de mon roman. Cette fois-ci, avant de foncer dans l’écriture, j’ai décidé de planifier convenablement, ce qui passe et également mieux comprendre mes personnages. Pendant plusieurs semaines, je m’étais refusé à écrire quoique ce soit dans mon roman en tant que tel pour bien travailler sur les personnes qui y vivaient. J’avais une forme de frustration pourtant car je voulais avancer dans l’écriture mais je ne voulais pas reproduire les erreurs d’antan. Une fois de plus, c’est Marjolaine qui a dénoué le nœud dans mon cerveau: Pourquoi tu ne fais pas un storyboard?
Ben ouais Pierra, pourquoi tu fais pas un storyboard? C’est tout benef! Tu peux explorer les scènes de ton livre sans avoir à pleinement les écrire tout en explorant tes personnages et tes univers sans avoir à rattacher toutes tes réflexions à ton bouquin!
Cette discussion avec Marjolaine coïncide avec le travail de Stéphane sur le premier tome et grâce à tout cela, j’ai tout ce qu’il me faut pour avancer! Depuis Février environ, je me retrouve le matin le nez dans mon carnet à écrire les ébauches de mon histoire, sans pression, sans blocage. Je me sens libre dans mon écriture et damn que ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps…
Processus créatif des derniers écrits
Avant de te lancer dans la lecture de cette partie, je te conseille de lire les histoires suivantes, pour ne pas te perdre:
- Néant… ou Recommencement?
- Boulange-vie, exclusive à l’Evasion-letter
- Bluemie
- Raindrops
Grâce à tout cela, je me suis donc remis à écrire des histoires de fiction et tu sais ce qu’il se passe, quand j’écris des histoires de fiction! Déjà, je les envoie via l’Evasion-letter et surtout, je t’explique comme j’en suis arrivé à les écrire ce qui me permet aussi, mois après mois, de suivre mon apprentissage.
Fun fact, cela faisait depuis Septembre 2020 que je n’avais pas écrit et publié une histoire fictionnelle sur mon blog, avec Songe Musical. J’avais presque oublié comment faire.
J’ai cela dit assez vite retrouvé mes marques. Comme inspiration dans le cadre de ce “défi”, je pars donc systématiquement d’une image généralement trouvée sur Pinterest après un petit quart d’heure. L’étape suivante, c’est mettre mon cerveau en mode “Création & Planification” et pour ça, je prends mon cher carnet et… je fais une grosse flèche. Ouais, me demande pas mais c’est devenu mon conditionnement. Autrefois, je faisais une grosse flèche en plein milieu d’une page et je lançais quelques bouts de mots autour que je reliais ensuite à la flèche en guise d’ébauche de plan. À présent, je fais toujours une flèche, plus petite, pour garder plus de place pour le reste, notamment les idées et les premières scènes.
Cette première grande phase prend entre 15 et 45 minutes, puis vient l’écriture qui elle, peut déborder sensiblement… Tu imagines donc bien pourquoi 30 minutes pour tout faire, c’était frustrant pour moi.
Néant… Ou Recommencement?
J’ai alors trouvé cette idée dans laquelle conversaient les éléments à l’origine des mondes et de la vie, m’éloignant alors d’une interprétation de cette image pour quelque chose de plus… Exploratoire.
Je suis plutôt étonné du rendu mais j’en suis aussi très satisfait, surtout après les autres histoires qui ne m’avaient clairement pas plu. Celle-ci avait un début, un milieu, une fin… et c’est pas toujours si évident.
Pour info, c’est une illustration de l’artiste Wataboku dont le travail est sublime, pile ce que j’aime!
Boulange-vie
Là, on s’attaque à un gros morceau. Bon, j’ai encore dérogé à mes propres règles car en finissant le premier chapitre, je savais ne pas pouvoir en venir à bout d’un seul coup. Pourtant, j’ai aussi considéré que finir un chapitre, ça valait comme terminaison… juste pas de l’histoire. Je n’avais d’ailleurs pas une seule mais deux images pour inspiration car j’avais trouvé celle d’un paysage que j’ai voulu associer à un personnage.
C’est tricher.
Mon jeu, mes règles.
Je me suis donc attaqué à cette histoire et je me suis très vite amusé à imaginer la vie d’un boulanger dans sa petite routine mais malheureux de ne plus voir son fiancé, parti. Je savais également qu’il devrait (re)partir en voyage et que sa boulangerie ou son passé l’enchaînaient à son île (île qui flotte dans les airs, because why not).
Le tout était de savoir pourquoi il était bloqué sur son île, quelle était la cause de son malheur et surtout, comment pouvait-il se sortir de ce pétrin (pun intended). Je savais que son fiancié jouerait un rôle important à travers ces étapes, d’une manière ou d’une autre. Je savais aussi qu’il perdait sa mère plus jeune, l’enchaînant davantage à cette vie qui ne lui apporte pourtant pas tout le bonheur qu’il souhaite. C’est en continuant d’écrire que j’ai pu explorer son passé, sa rencontre avec son futur mari mais aussi la relation avec sa mère, ses conflits intérieurs et comment il en viendrait à décider de partir à la poursuite de son amour.
Chapitre après chapitre, j’explorais la ligne directrice que j’avais tracée au début mais je m’en éloignais aussi. Initialement, le déclic pour son départ se faisait à travers un ou une jeune apprentie à qui mon boulanger n’hésiterait pas à donner les clés pour partir à l’aventure mais je me suis vite rendu compte que cette idée demanderait beaucoup trop de développement et que je risquais de m’éloigner de mon objectif: terminer une histoire (et donc ne pas me saboter par ambition démesurée…). Pour autant, il me faudra quatre chapitres pour en venir à bout malgré tout!
Et s’il m’avait fallu 1h pour écrire la précédente du début à la fin, celle-ci m’aura pris… Un bon 8h. Ouaip. Et par les Originels que c’était grisant! J’avais hâte de retrouver mon cher Odan (le boulanger) et de voir sa vie prendre un nouveau tournant. C’était aussi pour moi l’occasion d’avoir un personnage homosexuel, because why not, et donc explorer des émotions que je n’ai pas l’habitude d’aborder (à commencer par les frissons face à un torse nu d’homme), moi le cis hétéro, sans que ce soit le fondement de mon histoire pour autant. Et de cela aussi, j’en suis satisfait.
Pour les images, nous avons:
L’histoire a d’ailleurs eu un franc succès et Marjolaine fut (très) généreuse en éloges ce qui a fini de me convaincre que j’étais sur la bonne voie. Elle a d’ailleurs souligné que mes deux grands carburants étaient ces deux-là: l’imagination et l’intuition.
Et dire que depuis 2 ans j’écrivais selon ma raison et mon cerveau…
Bluemie
Même processus que précédemment et avec le même engouement, quoique plus mesuré en termes de temps. Il n’y a pas énormément à dire en plus dessus si ce n’est que je visais la surprise et l’ouverture.
Je savais en effet que je ne pourrai “terminer” cette histoire à proprement parler, qu’elle continuerait avec ou sans moi. C’était une décision involontaire, d’une certaine manière, mais nécessaire si je voulais garder une certaine liberté dans mon écriture.
Je savais aussi que je souhaitais être plus frontale dans l’exploration de mon monde fantasy et que je voulais réellement mélanger réel et rêve, puisqu’il s’agissait d’une histoire prenant place dans cet univers qui est le mien, Hebenelia, entre notre réalité et une autre.
Je ne voulais cependant pas être seulement dans dans de l’observation, c’est-à-dire dans l’élaboration d’une scène sans finalité, puisqu’il ne s’agirait alors pas d’une histoire compète à mes yeux mais… D’une scène.
Ainsi, je fais initialement planer le doute: il ne s’agit que d’une petite fille supposée en train de rêver… sauf que son monde de rêve est empreint de réalité, et une réalité loin d’être belle et paisible. Hebenelia n’est pas un monde merveilleux et parfait.
Cette histoire est ma préférée car c’est celle qui m’ancre le plus à mon monde et l’écrire m’a permis de l’explorer sous un autre angle sans m’enchaîner à ma trilogie, ce qui est toujours positif. C’est aussi celle qui fut la plus appréciée dans mes communautés, ce qui m’a d’autant plus ravi.
Je n’ai actuellement pas prévu d’en écrire une suite mais puisque Bluemie grandit dans Hebenelia, il est probable de l’y retrouver un jour…
L’image vient de Catpoku, sur Twitter et je la trouve relaxante et inspirante à la fois.
Raindrops
Certains y voient une forme de mélancolie, de tristesse, moi je voyais de l’euphorie et de l’espoir.
Alors j’ai tracé ma flèche et j’ai donné à boire au papier. Je savais que la scène serait dans la mer, je savais qu’il y aurait des émotions fortes, contradictoires. Initialement, j’imagine la perte d’un être cher, une promesse et le besoin de crier face au vent. Il y a de la mélancolie, oui, mais je voyais plutôt quelque chose de libérateur, comme un au revoir empli de gratitude, tu vois?
Puis, au fil de l’écriture, j’ai suivi le sens du vent. Il n’y aurait pas de mort, pas de promesse mais une gratitude puissante et immortelle.
Je suis particulièrement satisfait de celle-ci. Elle est courte, sans artifice, sans fantasy mais elle a un goût de glace à l’eau de mer. Si tu as la référence, tu es quelqu’un de bien. Si tu n’as pas la référence, tu es aussi quelqu’un de bien mais qui devrait jouer à Kingdom Hearts :) .
- Musique: Pomplamoose
- Image: Pinterest
L’Hebenelia Writing Universe
Je me suis rendu compte d’une chose ces derniers mois face à mon univers:
Clara, William, Lyzia, je vous aime terriblement mais vous n’êtes que les protagonistes de cette histoire. Hebenelia est plus vaste que vous, ce monde créé par nos rêves ne peut se limiter à votre histoire. Je vous aime mais je sais qu’un jour, vous partirez sans moi tandis que je serai le scribe d’autres êtres vivants. Je sais qu’un jour, vous, mes enfants, me quitterez.
Bluemie, Cathlyn, Odan, Lúcio… Dès lors que votre vie est sortie de ma plume, vous êtes devenus des êtres à part entière, avec vos vies, vos peurs et vos rêves. Vous faites partie d’un tout dont je ne perçois pas les limites.
Je veux voir Hebenelia prendre des formes que je ne peux imaginer, je veux qu’elle m’emporte dans des contrées que je ne connais pas encore…
Je veux qu’elle n’ait pas de frontières, pas de fin.
C’est ça, l’Hebenelia Writing Universe. Un jour, je trouverai un nom un peu plus frenchy mais je trouve qu’il représente bien mon idée #MCU. Les histoires s’emmêlent, les mondes aussi.
Pour tout te dire, c’est ma manière à moi de ne pas le quitter, ce monde, de ne jamais quitter Hebenelia. Après tout, je l’ai créé pour que personne ne puisse douter de son existence. Je l’ai créé pour que tout le monde puisse s’y réfugier… à commencer par moi.
Nous verrons où le chemin nous emporte.
Et l’intuition dans tout cela?
Belle question. Oui, après un créaquage, après de longs mois de convalescence d’artiste, des rivières de mots et des heures d’échanges, j’ai retrouvé quelque chose que j’avais depuis longtemps perdu. Ou plutôt, quelque chose que j’avais oublié quelque part dans le tiroir de ma créativité. Je m’étais perdu dans les bouquins de méthodologie, dans la structure, dans les règles, les lignes droites… Mais avec tous ces écrits et grâce aux personnes qui m’entourent, j’ai redécouvert ce qui m’animait: rêver, m’évader, voyager, suivre mes idées.
Plaisir.
La prochaine fois, je te parlerai de cette fameuse convalescence.
Tu verras, ce sera instructif.
Allez. Bisous bisous.