Plumes Francophones 2022 – Dans la tête d’un Auteur
Après des années à écrire pour le plaisir, quelques-unes à me sentir écrivain, me voilà officiellement auteur. Installe-toi, je te raconte…
Les origines
Allez, je te refais un petit tour chronologique (j’ai l’impression de faire ça à chaque article).
Oui, tu le fais à chaque article
Eh bah à la fin ce sera interro surprise, on verra si tu retiens.
Promis, je fais court cette fois-ci, après tout nous avons plus intéressant à aborder aujourd’hui!
Les dates clés:
- Hiver 2020: je crie à qui veut l’entendre que je suis écrivain et que cette année est la mienne.
- Printemps 2020: je décide de publier le tome 1 de ma trilogie, terminée (pensais-je) à 98%.
- Printemps 2020: je me lance dans la communication autour de mon univers, débute l’Evasion-letter dans laquelle je partage des histoires inédites et écrites pour l’occasion. Objectif: participer à l’édition 2020 des Plumes Francophones d’Amazon
- Eté 2020: je réalise (avec l’aide d’une certaine Séréduik) qu’en réalité, mon tome 1 n’est réellement prêt qu’à 20%: j’ai beau avoir 300 pages d’histoire, celles-ci arborent les marques indélébiles de 10 ans d’écriture.
- Eté 2020: après des semaines à écrire une histoire par semaine, je fais un créaquage; une sévère pause s’impose.
- Automne 2020: je participe au NaNoWriMo 2020 et fais de nouveau face aux faiblesses de mon écriture. La pause s’intensifie.
- Hiver 2021: je retrouve goût à l’écriture.
- Printemps 2021: je décide d’éventuellement peut-être compiler mes histoires dans un recueil de nouvelles.
- Eté 2021: je participe au Camp NaNo 2021 dans le but de corriger 13 histoires sélectionnées pour ledit recueil.
- Automne 2021: je décide d’écrire une version alternative de mon roman durant le NaNoWriMo 2021.
- Hiver 2022: totale léthargie et fatigue mentale généralisée; mon recueil est déjà entre les mains d’un certain Séréduik).
- Printemps 2022: la léthargie continue dans mon écriture.
- Eté 2022: je décide de publier sur un coup de tête pour les Plumes Francophones 2022.
So here we are, chère Plume.
Histoires d’Hebenelia et d’ailleurs
Est ainsi nommé le premier livre griffé de mon nom sur sa couverture.
Si tu veux en savoir davantage spécifiquement sur l’univers de ce livre, je t’invite à consulter la page de présentation du recueil car c’est encore là que j’en parle le mieux. Ici, je te parle plutôt du travail qu’il a fallu effectué tout autour, de façon générale.
Et si tu veux directement l’acheter (keur keur), voici la page Amazon!
Toutes les étapes de réalisation
Je te fais la liste et je te résume le travail ensuite, ce sera plus simple:
- Ecrire les histoires (NO. WAY / YES. WAY), ce que j’ai globalement fait de l’été 2020 à l’été 2021 (sans volonté d’écrire un recueil, à l’époque).
- Sélectionner les histoires à compiler puis les corriger, ce que j’ai fait durant le Camp NaNo de Juillet 2021.
- Faire appel à un professionnel pour effectuer un travail de correction et de relecture.
- Au fil des allers-retours, résoudre les commentaires et apporter les corrections nécessaires.
- Valider ensemble la première phase de corrections.
- Envoyer le travail pour maquettage (= mise en forme de l’ouvrage) | En parallèle, faire appel à une illustratrice pour réaliser la couverture.
- Procéder à la relecture des épreuves après maquettage (= nom donné au manuscrit).
- Effectuer une nouvelle salve de corrections | Préparer l’ouvrage sur la plateforme d’Amazon KDP (création de l’ISBN, test du format choisi…) et procéder au dépôt légal.
- Apporter les derniers correctifs pour les épreuves | Effectuer le maquettage de la couverture (= mettre en forme les textes de 1ère et 4ème de couverture, de la tranche par-dessus l’illustration réalisée).
- Publier | Prier l’univers.
Post Camp NaNo 2021, ces étapes ont pris place sur 1 an avec un rythme non intensif. Pour tout te dire, il a fallu plus de temps pour passer de l’étape 3 à l’étape 5 que pour passer de l’étape 5 à l’étape 10, tout simplement car j’ai décidé de publier mon bouquin pour les Plumes Francophones 2022 au tout dernier moment, genre fin juillet pour une deadline au 31 Août. Ouaip.
J’ai succinctement résumé ces étapes car je pense faire un article dédié mais sache qu’elles s’appliquent à mon contexte spécifiquement. Dans l’auto-édition, tu peux choisir de tout faire toi-même et de publier directement sur Amazon KDP (ou autre médium) sans passer par des ressources externes. J’ai choisi de procéder ainsi pour m’assurer de publier un livre digne d’une maison d’édition, ce que je ne peux pas faire seul.
Je changerai probablement de stratégie la prochaine fois, cela dit.
Quelques rebondissements
Le plus important d’entre eux concerne les problèmes de dernière minute pour la couverture.
L’eBook
J’ai reçu les dernières épreuves permettant la mise en ligne des ouvrages le lundi 29 août, date à laquelle j’ai pu publier l’eBook, après avoir adapté ma couverture au format associé.
C’est-à-dire?
En gros, j’ai une couverture avec une illustration faisant le tour du bouquin; jusque-là, tout va bien. Le titre est sur la première de couverture, normal, et la couverture fait sens dans son ensemble. Problème: elle devait être adaptée à un format eBook avec seulement un rectangle d’image (c’est-à-dire seulement la première de couverture). J’ai donc dégainé Adobe Express, récupéré les polices de caractère et refais une couverture en .jpeg (car évidemment la version papier demandée est un .pdf mais pas la version eBook). Puis, je me suis rendu compte que l’agencement du Nom + Titre rendait moins bien sûr ce format, je l’ai donc modifié pour équilibrer la couverture.
Ça, c’était le petit contretemps. Le deuxième était plus stressant.
Raconte!
Le format broché
Si j’ai lancé la mise en ligne pour l’eBook, je l’ai également fait pour le broché, le plus important à mes yeux. Son statut de publication était pourtant bloqué sur “En cours de révision”, voulant dire “à tout moment tu es hors délais, mon pauvre”.
Cela peut mettre jusqu’à 72h et je ne peux rien y faire.
Vois-tu, si l’eBook et le broché ne sont pas publiés avant le 31 Août, 23h59, c’est foutu pour participer aux Plumes Francophones.
Le lendemain, mardi 30 août, 8h, une lame froide se plante dans mon ventre, alors que je suis sur le quai pour l’Île de Groix: la couverture a été rejetée. C’est la panique, j’envoie un message à mon héros Stéphane, nous estimons que c’est lié à une option spécifique sur les fonds perdus et je relance la vérification.
Le précédent round avait duré 16h et je perdais patience. Tout au long de la journée, je rafraichissais la page, mes yeux obsédés par ce “En cours de révision” orange et obstiné à ne pas changer. La journée file, je rentre, fais mes p’tites affaires, rafraichi encore et encore jusqu’à ce que 22h20 n’arrive d’une nouvelle entaille: l’orange est passé au gris avec un statut plus douloureux encore:
“Brouillon”.
J’envoie un message à Stéphane mais je n’aurai pas de retour du maquettiste à temps.
Vois-tu, le plus angoissant est que si je peux techniquement publier à 23h59 le 31 Août et qu’il est validé le lendemain, il ne doit surtout pas retourner en “Brouillon”, auquel cas il serait hors du processus de publication dans le temps donné. Sauf que je ne peux anticiper dans quelle mesure il passera! Alors, mon objectif est de relancer la machine de révision pour me garder une demi-journée en cas de problème.
Alors je dégaine Photoshop et décide de reprendre la couverture moi-même, quitte à avoir un broché à la couverture imparfaite mais publiée (en sachant que je peux la mettre à jour ensuite, cette couverture). Nom de code: Dirty Cover.
Je prends la couverture du maquettiste comme modèle, choppe la référence d’Amazon KDP pour l’avoir en calque transparent, ressors mon illustration et je remets tous les textes au pixel près (à tâtons, bien sûr). Je l’exporte en .pdf mais probablement pas avec un formatage parfait (colométrie, qualité…). Tant pis.
Il est 23h30, je republie et envoie un message à KDP pour expliquer la situation. En route pour un nouveau round d’orange…
Lendemain, 31 Août, 10h, réponse de KDP: ils ne peuvent rien faire pour accélérer le processus. J’ai donc l’esprit occupé tandis que nous nous dirigeons vers Rochefort-en-Terre avec ma Birdy, pour la journée. En parallèle, Stéphane me transmet la couverture à jour, que je ne peux utiliser tant que le statut du bouquin avec Dirty Cover n’est pas changé.
Nous déjeunons en ville, j’apprécie la bolée de cidre mais elle a un arrière-goût d’attente. Nous réglons, marchons sur les rues pavées, lorgnons les vitrines de bijoux celtiques et de produits écologiques.
Je rafraichis ma page:
“En cours de révision” lis-je par automatisme.
Non.
“En cours de publication”…!
Je suis sans voix. Bien que je ne sois pas publié pour autant, cela veut dire que ma couverture formatée en 1h de rafistolage est passée! J’ai du mal à réfléchir, je souris et les doutes nagent dans mon cerveau. J’y suis presque, pourtant.
Nous visitons le musée de Naïa et au détour d’un jardin, Birdy me dit:
“C’est sur Amazon! Mais il y a un problème. Attends, rassure-t-elle en voyant mon regard paniqué, c’est probablement rien… Il est marqué comme “Indisponible”.
Ce n’est pas grand-chose en effet car la publication met du temps mais une chose semble certaine: je suis publié. Je ne saute pas de joie pour autant.
Nous nous installons en terrasse, je sors mon pc, embarqué au cas où, et je reçois un email spontané d’Amazon que je résumerai ainsi: “Félicitations, vous êtes publié et vous participerez au concours de cette année”.
J’ai à ces mots la sensation que l’on retire le bouchon d’un évier: mon énergie se vide par le sol et je ne sais pas trop ce que je ressens d’autre. Je me rappelle dire à Birdy: “je suis fatigué, tout d’un coup”. Le rationnel revient vite, pourtant: je commande des exemplaires d’auteur pour vérifier l’état de mon livre (surtout sa couverture) et j’attends de voir mon eBook apparaître sur la page du concours.
En vain. Le support de KDP, Sylvie, me rassure par anticipation aussi: ma présence parmi les participantes peut prendre plusieurs jours.
La joie n’est donc pas encore totale. Je suis publié, oui, mais je ne sais pas encore dans quelle mesure je peux être fier de la version papier et encore moins si je suis réellement participant au concours des Plumes Francophones 2022.
Qu’en est-il de la “bonne” couverture?
En téléversant les retours du maquettiste reçus dans l’après-midi, il s’est avéré qu’elle n’était toujours pas au bon format, aussi ne pouvais-je pas mettre à jour mon bouquin. Cela dit, j’ai quand même commandé mes exemplaires d’auteur dans leur version avec Dirty Cover, de fait, la plus pure: imparfaite.
Eh bah ça, c’est de l’édition limitée!
Oh ouais.
Nous sommes vendredi 2 septembre à l’heure de ces lignes et j’ai hâte d’avoir ce livre dans les mains pour pouvoir le promouvoir en étant sûr de proposer quelque chose de qualitatif.
Entre mes mains
Nous rentrons de Bretagne et je sais ce qu’il y a dans la boîte aux lettres.
J’ouvre le colis avec entre mes doigts un mélange d’appréhension et d’excitation; après tout, je m’apprête à découvrir l’objet qui me fait passer d’écrivain à auteur mais j’ai des doutes sur sa qualité visuelle. Les Histoire d’Hebenelia et d’ailleurs se dévoilent alors enfin à moi et ma couverture est parfaite. J’ai le cœur un peu plus léger.
Je commande alors une version avec l’autre couverture pour comparer et je suis en attente d’un set de 5 ouvrages également.
Laisse-moi deviner, il y a encore un problème?
Oui: les couvertures ne sont pas correctement alignées d’un livre à l’autre:
À première vue, tu pourrais penser que tout va bien mais en regardant plus précisément, tu remarques à quel point les décalages sont sévères, avec les informations de la tranche voulant s’enfuir de leur petit couloir étriqué, par le haut ou par le bas.
Évidemment, je contacte Amazon mais aussi ma camarade autrice N’zua (qui participe également au concours) pour la prévenir de vérifier ses ouvrages aussi. Amazon me dit qu’il peut y avoir “de légers écarts à l’impression” et N’zua me répond qu’elle n’est pas surprise et que c’est une affaire de chance.
Eh bien, zuber.
Tout ce travail conjoint à faire de ce livre un vrai bon livre pour qu’au final l’impression soit de piètre qualité.
Détails des coûts et des gains potentiels
Il m’en aura coûté ~1800€ pour que ce livre passe de mon écran à tes mains. Voici ce qui se cache derrière ce cumul:
- Préparation de copie, relectures et corrections: ~1100€
- Réalisation de la couverture et ses croquis préparatoires: ~370€
- Maquettage de l’ouvrage et de sa couverture: ~320€
Et à cela s’ajouteront bien sûr les coûts de promotion, via Facebook Ads et éventuellement Amazon Ads.
J’ai deux formats associés: un livre numérique et un livre papier (ouiii), dont voici les gains estimés:
- Numérique, à 5.23€: avec une redevance à 70%, je toucherai 3.66€ par vente.
- Broché, à 11.84€: avec une redevance à 60% et des coûts d’impression à 2.62€, je toucherai 4.12€ par vente.
Ainsi et selon les proportions vendues entre les formats, je devrais vendre entre 470 et 500 copies pour pouvoir rembourser les frais investis.
Réalisable? Peut-être
Essentiel? Non.
Ce qui est important, c’est de terminer ce projet littéraire, d’en grandir et de me lancer en pleine connaissance du processus éditorial pour le prochain ouvrage…
Victoire volée
Tu ressentiras peut-être une certaine lassitude dans ces lignes, voire de distance.
La raison est simple: il y a eu tant de petits soucis post-écriture mais aussi post-publication que j’ai eu du mal à pleinement vivre les instants précieux.
J’en retiens 3, cependant:
- Alors que mes versions eBook et Papier sont prêtes, l’impression qu’il n’y a plus que moi face à mon ordinateur, sans bruit, sans environnement, juste le temps qu’il me faut pour cliquer sur “Publier”.
- Mon eBook déjà publié et l’attente interminable de l’acception du format Papier, cette sensation que toute mon énergie se vide de la tête au sol à la lecture du mail qui me dit que je participe pleinement au concours.
- Cet instant où je mets enfin les mains sur mon livre, pour de vrai, sans trop comprendre ce que je tiens entre mes doigts.
Pourquoi tu dis que cela t’a été volé?
Car à chaque instant, j’ai eu ces pensées parasites et polluantes qui disaient quelque chose comme “c’est cool mais il reste…”.
- J’ai cliqué sur publié mais maintenant je dois attendre qu’Amazon accepte ta publication.
- Je suis enfin publié en deux formats mais mon nom n’est pas encore totalement dans la liste des plumes participantes et en plus c’est la couverture que j’ai faite à 23h et je ne sais pas à quoi le format papier ressemble.
- Je l’ai enfin enfin dans les mains mais je dois voir si c’est la meilleure qualité de produit avec la “bonne” couverture.
Et au final, tant de choses encore à faire… et à dire, aussi, mais je m’arrête là pour cette fois-ci, sinon, je ne publierai jamais cet article.
Ce n’était qu’un crash test
Je suis mi-satisfait mi-bof de cette expérience.
Je sais, ça peut te sembler ingrat, peu reconnaissant ou que sais-je et peut-être que tu as raison! Je ne tiens pourtant pas ce journal pour écrire ce qui devrait être mais ce qui est à un instant donné.
J’ai publié, cependant, et cela est indéniable: à mon échelle, je suis enfin auteur!
J’ai également vécu un processus complet d’écriture et de publication, avec ses rebondissements et ses peurs, ce qui me permettra d’être mieux armé au prochain bouquin, le plus important (sauf si je décide d’écrire un autre recueil d’ici le Tome 1 d’Hebenelia!).
Et je ne peux terminer mon article sans citer une énième fois Stéphane Séréduik, qui m’a accompagné dans cette aventure. Tu l’as bien mérité ce paragraphe dans mes Remerciements!
Sur ce, bisous.
Au fait, elle ressemble à quoi la couverture?
Oh?
À ça: