Le Retour des Couleurs – 2 mois loin de l’écriture et de mon roman
Il s’est passé bien des choses durant mon défi d’écriture, tellement que ça m’a coupé l’envie d’écrire tout court. On en parle?
Comment on en est arrivé là?
Si tous les détails se trouvent dans mon billet 50 Nuances de Blank, laisse-moi te résumer les choses en quelques moments clés…
- Avril 2020: panique totale alors que je suis censé publier mon roman pour les Plumes Francophones d’Amazon mais que je ne suis pas prêt!
- Mai 2020: je me lance un défi: écrire 1 histoire par semaine de 1000-2000 mots et l’envoyer via l’Evasion-letter tous les Jeudis, à 14h.
- Juin 2020: décision de reporter ma publication à l’année prochaine et burnout créatif.
“Burnout” est peut-être excessif quand l’on sait la gravité de cet état psychologique mais reste que c’est un mot représentatif de la situation.
Mon défi de 1 mois aura ouvert mes yeux sur comment je crée, comment j’écris. C’était une étape inspirante pour moi et… à double tranchant.
Pendant 30+ jours, je ne pensais plus qu’à “Planifier. Écrire. Envoyer”. Tel un robot intelligent, je m’installe une routine bénéfique à ma création mais qui, au moment de faire face à des variables inconnues, grippe mes rouages.
Tout était beau, pourtant.
J’avais écrit l’une de mes plus belles histoires qu’est L’Envol de Cathlyn, une histoire qui à elle seule représente 3 semaines de création, en 1 semaine.
Mais ce n’est pas elle, le problème. Le problème commence avec Les Spectres du Manoir, puis Le Train des Couleurs. Je savais comment planifier mes histoires, à présent, et ces deux histoires étaient bien préparées! Pourtant, Les Spectres du Manoir étaient terriblement plus complexes que prévu… Je savais où iraient mes personnages, oui.
Mais je ne savais pas qui étaient réellement mes personnages.
Je me lançais dans un thriller fantasy à écrire en une semaine sans vouloir dépasser les 2000 mots. Rapidement, les 2000 mots sont atteints et je réalise que je ne suis qu’au début.
Et que l’on est Mardi, 20h. Pour Jeudi, 14h.
J’envoie toutefois le début, dont je reste fier, en promettant d’envoyer la suite. La suite n’arrivera jamais.
La suite se résume vite: je déprime sur mon clavier, je peine à écrire, j’envoie des e-lettres pour raconter mes troubles jusqu’au moment où mon éditrice Marjolaine m’interdit d’écrire.
À ce moment-là, mon coeur se bat avec mon cerveau mais c’est le premier qui l’emporte: je ne pense plus qu’à planifier et l’écriture devient douloureuse, telle une plume dans la poitrine.
1 mois loin de l’écriture
Il m’aura fallu 31 jours, peut-être plus, peut-être moins, pour recommencer à travailler sur mon roman et je ne parle pas d’écrire!
Pendant 1 mois, je n’avais le droit qu’à un carnet et un stylo.
Pendant 1 mois, j’avais des angoisses à l’idée même de travailler sur mon roman. Dès que je souhaitais écrire quelques mots, je me retrouvais à bloquer, à voir tous ces chemins, toutes les possibilités mais chaque voie était totalement bouchée. Non pas qu’il y avait “le syndrome de la page blanche”, c’était plutôt l’inverse. Il y a avait tellement de couleurs que tout devenait noir.
Alors, pendant 1 mois, j’ai arrêté d’écrire de façon hebdomadaire. J’ai arrêté de compter les mots, de penser “plan” et “fin” et “développement personnage” et “antagoniste”.
J’ai juste écrit.
Au début, c’était bizarre. Je le dis et redis: je n’avais pas fait cela depuis 10 ans.
Et 10 ans, c’est long.
Ce défi que je m’étais lancé, écrire 2000 mots d’histoire par semaine, était une bénédiction autant qu’une malédiction. J’ai appris énormément de choses, j’ai trouvé ma méthode pour écrire, ou en tout cas de nouvelles prémices. Mais j’ai aussi grippé les rouages de cette machine qu’est mon Imagination.
C’était à double tranchant.
C’est d’ailleurs plutôt marrant car c’est ma propre histoire. Le débat de s’y lancer avec l’obligation de le faire pour progresser. La bataille, chaque semaine, pour réussir à cracher tous ces mots… jusqu’à l’échec: Les Spectres du Manoir. Cette histoire, ce thriller, c’est elle qui a eu raison de moi. Trop de choses, trop de personnages, trop de tout. Vient alors ma révélation personnelle: je suis cassé et j’ai besoin de repos. Mon antagoniste, c’était moi, comme toujours.
Et nouvel équilibre, nouvelle histoire, celle d’un écrivain qui n’a pas le droit d’écrire.
1 mois, qu’il m’aura fallu.
Alors j’ai quand même pris mon clavier, c’est vrai. J’ai écrit quelques e-lettres mais elles n’étaient toutes que de vulgaire recueil de mes histoires écrites à la main, plus ou moins. C’était aussi l’occasion pour moi de me connecter avec mes premiers lecteurs et à vrai dire, ça m’a permis d’avoir de bonnes surprises! En écrivant ces histoires très courtes sans fin, j’ai donné la parole à mes petits écrivains en herbe et c’est absolument formidable! Donc je pense que l’univers m’a apporté ce dont j’avais besoin pour avancer et aussi me rappeler que je n’étais pas tout seul dans cette folle aventure.
Mais tu sais quoi?
Alors que j’étais dans le train, que je n’avais pas envisagé de planifier quoi que ce soit et qu’internet refusait de fonctionner, je décide d’ouvrir mon carnet.
Dans ce carnet, je tombe par hasard sur des ébauches de plan pour les tomes 2 et 3 écrites quelques mois plus tôt.
Et sans vraiment y penser, je me dis: “Let’s go”.
Une ombre passe, un passager noir s’engouffre dans mes pensées mais je tiens bon. Il ne m’aura pas cette fois-ci. J’écris et la magie opère à nouveau, je retrouve un peu cette énergie qui circule, mon propre pouvoir de Gardien, celui qui change mon sang en encre et mon cœur en livre.
Je retrouve le chemin vers l’écriture et, surtout, vers ma propre fantasy, celle qui me fait tant rêver, me permet de m’évader.
Tout n’est pas gagné pour autant car je dois encore le boucler, ce roman, et je sais que nombre d’obstacles sont encore à franchir si je veux qu’il soit parfait. J’essaie de ne pas regarder l’horloge aussi. De ne pas me dire que le temps presse.
Mais quel doux plaisir que d’écrire.
2 mois loin du Tome 1 d’Hebenelia
L’histoire ne s’arrête pas là.
À l’heure où j’écris ces mots, nous sommes le 05 Septembre 2020. L’annonce de ma pause imposée date du 26 Juin 2020 et la dernière entrée dans mon tableau de mots date du 22 Juin 2020.
Enfin ça, c’était jusqu’au 04 Septembre 2020, hier.
J’ai lentement repris l’écriture, surtout dans mon carnet. Aucune histoire complète et planifiée n’est venue enrichir le monde de mes lectrices et lecteurs et je me contentais de reproduire les bribes d’histoires de mon carnet.
Je n’étais pas totalement en pause non plus, j’en ai profité pour ouvrir mon compte Instagram (allez viens, on est pas nombreux mais on est bien) et transposer ma création littéraire en création graphique.
Pourtant, j’avais toujours une forme d’angoisse, appréhension, à l’idée d’ouvrir ce bon vieux Word datant de 2010 (bien que la sauvegarde la plus vieille que j’ai retrouvée soit de 2015!). Diantre, 10 ans…
Tu sais, un peu comme dans toutes ces histoires où le protagoniste s’apprête à faire un truc et qu’il a plein de flash-back qui le font suffoquer, tu vois le genre?
Pourtant, cette semaine, l’actuelle, je reprends mon petit carnet et j’écris. Je redessine le plan d’Hebenelia, retrouve les rouages de mon Imagination de nouveau à tourner frénétiquement et… JE KIFFE. Genre de ouf.
Je kiffe tellement de ouf que j’en viens à faire une folie.
Vendredi 04, 7h30, j’ouvre ce bon vieux Word.
Et j’écris 298 mots.
En pixel, ça ne dépasse pas la hauteur d’une photo Instagram mais dans ma tête, ça représente les 40.000 km faisant le tour de notre chère planète bleue.
Je suis heureux.
Bilan de cette pause bienvenue
Le résultat est ma foi plutôt évident:
J’ai retrouvé le plaisir d’écrire dans mon roman, j’ai appris à reconnaître mes limites et, surtout, je me suis rapproché de mes lectrices et lecteurs!
J’aime autant ne pas avoir à recommencer, hein, mais je dois dire que j’ai fait de la place dans mon esprit pour plus de créativité.
Alors, nous aurons l’occasion de nous retrouver pour repartir en voyage ensemble.
Sur ce…
Cheers!