Néant… ou Recommencement?
Entre le début et la fin d’un monde, le temps n’existe pas le temps d’un instant, seul un choix reste: continuer… ou tout arrêter?
À toi Feu, à toi Eau, à toi Terre, à toi Air.
Le monde est en pause mais pas moi. C’est le dernier chapitre de notre histoire ensemble, quelle que soit sa conclusion.
Néant… ou recommencement ?
Nous avons vécu ensemble si longtemps, mes amis, mes âmes, mes esprits. Vous êtes ma force, mon énergie. Vous êtes mon essence, ma vie.
Est-ce ainsi que tout doit se terminer ?
Nous nous sommes trouvés pour sauver le monde, après tout. Moi, le réceptacle, vous, les éléments. Je suis le cinquième élément mais vous êtes là aussi, en moi. Nous sommes tous des éléments. Je vous respire, je vous touche, vous entends, vous goûte et vous ressens et parfois même, je vous vois. Je vous vois là, par exemple. Ces énergies autour de moi, elles sont vous, non ?
Le monde est en pause et je dois lui redonner vie.
Je disparais pourtant déjà… mais je serai comme vous, non ? Un esprit, un souvenir.
Non… Je le sais bien. Si je disparais, tout disparaît. Nous ne serons que Néant. Et alors ? Nous ne sommes qu’un monde de plus, après tout. Il n’y a plus de vie ici sinon nous, nous, les éléments. Mais si je meurs, il n’y aura plus de vie, c’est bien cela ?
Et alors ?
Respire. Encore. Plus profondément.
Je sens mon cœur. Notre cœur. Il bat et c’est bien là la seule chose que je crois entendre. L’air est pur, ce matin. Il atteint mes poumons sans heurt, sans saveur, il est frais, diffuse en moi une onde chaleureuse.
C’est vous, encore ?
Je ne peux pas vous laisser partir. Pas après tout cela.
À toi Feu, à toi Eau, à toi Terre, à toi Air, à moi Vide.
Je vous réunis pour refaire naître la vie.
Mais est-ce réellement nécessaire ?
Qu’en pensez-vous ?
Vous étiez autrefois si bavards. Pourquoi n’êtes-vous plus rien que des spectres dans le silence ?
Je vous ai pourchassés pour vous sauver et nous sauver. Dans ces autres mondes, vous auriez été des fées, des dryades, des esprits, des fantômes, des lueurs, des légendes, des sensations. Aujourd’hui, vous êtes des éléments.
Ensemble, nous sommes l’origine.
Ce monde n’existe pas encore. Est-il nécessaire ?
Qu’ont eu de bon les précédents, vous me le rappelez ?
Guerre. Sang. Trahison. Désespoir. Souffrance. Mélancolie. Regret. Amertume.
Comment pouvez-vous le nier, vous étiez là aussi là depuis le début. À quoi bon recommencer ?
Allons nous reposer, que ce monde soit notre dernier, je ne veux plus vous chercher…
…
…
…
… qu’est-ce qu’il y a encore ?
Je disparais déjà, tu le vois bien ?
Comment ça, tout cela vaut le coup d’essayer ?
Ils ne sont pas tous mauvais, ces êtres doués de pensées ? Tu mens.
Qu’ils soient de peau, de pierre, d’écorce ou d’air, ils ne font que se chamailler sans jamais trouver la paix. À quoi bon leur infliger leurs propres maux ?
…
Amour. Joie. Paix.
Non…
Ils ne trouvent jamais la paix et les deux premiers ne sont que des prétextes pour s’entretuer. À moins que ce ne soit le dernier avec l’espoir de trouver les deux autres ?
Non.
Je ne peux plus faire cela, les amis.
Je ne peux plus leur infliger la Vie.
Laissez-moi partir. Partons ensemble, disparaissons.
…
Quoi encore ?
Que voulez-vous dire ?
Que j’y aille… moi aussi ?
Mais…
Que serai-je, sans vous ?
Qui serai-je ?
Je ne serai ni Néant ni Élément.
Je serai…
Quel est ce concept que tu avances ?
Mais si je vis, qu’en est-il de vous… et de nous ?
Nous n’existerons plus ensemble, c’est cela ?
Seulement vous, seulement moi ?
Je pourrai plus vous trouver ?
Oh…
Je vois.
Je pourrais disparaître ici, ne plus vous contenir mais ensemble nous deviendrions Néant.
Ou alors, nous nous séparons ici, redonnons Vie. Vous existerez et moi aussi.
Je ne serai plus alors Vide… Je serai Espoir.
Quelle est cette sensation ? Je ne comprends pas.
Pourquoi soudainement ai-je l’impression qu’il existerait quelque chose au-delà du présent ?
C’est ça, Espoir ?
…
Je commence à comprendre, je crois.
Ce monde ne serait-ce pas fini avant de commencer ?
Je ne veux pas vous laisser partir, je vous ai tant cherchés…
Néant ou Espoir… ?
Paradoxalement, il est temps.
Taisez-vous. Laissez-moi une dernière fois vous ressentir.
Quelle que soit la conclusion, c’est tout ce qu’il me reste.
…
À toi Feu, à toi Eau, à toi Terre, à toi Air.
Et à moi…