Comment développer des personnages fascinants dans tes histoires
Protagonistes, antagonistes, personnages secondaires… Toutes et tous ont besoin d’une âme et c’est ce dont je te parle aujourd’hui!
Introduction
Quelle que soit l’histoire que tu as en tête, quel que soit le déroulement que tu dessines, tous les (bons) récits ont un point commun: des personnages qui se développent.
Bien sûr, tu peux avoir d’excellentes histoires sans développement aussi mais ce sont généralement des histoires très courtes qui n’ont pas besoin de te capter sur des heures et des heures, un peu comme les histoires d’horreur au coin du feu :).
Tu as aussi les polars qui ne se centrent pas sur le développement d’un personnage au profit d’une enquête et la progression se fait alors dans la résolution du mystère.
Tu vois pourtant le point commun dans ces exceptions? Nous parlons d’histoires qui envahissent tes pensées, qui te font tourner les pages, qui te font te sentir vide une fois les crédits atteints ou au contraire infiniment satisfait par la résolution, effrayée par les nouvelles perspectives…
Au menu:
- Qu’est-ce qu’un développement de personnage?
- Comment créer des personnages attachants?
- Comment raccorder le tout à ton récit?
- Pourquoi ton personnage peut exister dans n’importe quel scénario ou presque?
Toutes ces questions et d’autres, nous allons y répondre ensemble de ce pas!
Psssst… Cet article est un approfondissement de mon article sur l’écriture d’histoires de fiction.
Le cas de Harry
J’adore Harry Potter, comme beaucoup d’entre nous. J’ai bien sûr grandi avec et j’ai grignoté son univers sous toutes ses formes: films, livres, livres audio, en français, en anglais…
Mais…
Spoiler: je ne vais pas me faire des camarades sur Harry Potter… attends la suite!
Je n’aime pas Harry Potter.
Euh…? C’est contradictoire, non?
Et un peu extrême. En fait, je trouve le personnage de Harry très plat, sans saveur. Il se fait ballotter par les actions de celles et ceux qui l’entourent tout en étant passif de sa propre histoire.
Pourtant, c’est aussi une leçon remarquable d’écriture!
En effet, ton protagoniste est le fruit de ses propres expériences en plus d’être la conséquence des expériences des autres. Oui, sa vie dépend des actions des autres, que ce soit ses allié|es ou ses antagonistes. Et c’est là qu’Harry Potter est remarquable: la force de Harry se situe dans tous les autres: Lupin, Hermione, Cédric, Ron, Cho, Hagrid, Ginny, Neuville, Snape, Bellatrix, Malfoy, Sirius et bien sûr Dumbledore et Voldemort et plus encore. Ce sont tous ces personnages qui font avancer notre héros, à travers leurs choix, leurs peurs, leurs doutes, leurs besoins, leurs désirs.
Alors bien sûr, je suis extrême quand je dis qu’Harry est passif. Il a ses propres désirs: sauver et protéger les gens qu’il aime, se différencier de Voldemort, ne mettre en danger personne, conquérir Ginny, remporter le tournoi de Quidditch… Mais si tu creuses sa personnalité profonde, elle est un peu vide, non…? Il a surtout beaucoup d’étiquettes: orphelin, cicatrice, yeux verts comme sa mère….
Hermione a une personnalité très forte dans sa passion pour le savoir, sa droiture – sans être la plus sage – et son désir féroce de protéger les elfes de maison. Sa volonté de préserver les siens va jusqu’à prendre le risque d’être à jamais oubliée de ses parents! Ron quant à lui a vu sa vie se construire autour d’une famille nombreuse et pauvre ce qui a affecté son rapport au monde et à l’argent et à instiller en lui des rêves de succès et de richesses (tu te rappelles ce qu’il voit dans le miroir d’Erised?). Sa mentalité est parfois un peu clichée quand il s’agit de relations amoureuses mais il faut relativiser par rapport à l’époque dans laquelle est écrite cette saga :).
Tu vois où je veux en venir? Face à ses deux meilleurs amis, notre cher Mister Horcrux est bien moins complexe: sa complexité est extérieure à lui.
Range cette hache, pardi! Expelliarmus!
J’insiste sur ce point: cela n’enlève rien au charme légendaire de cette saga pour des raisons que tu connais bien si tu es un|e potterhead.
Entre le développement narratif à travers les 7 volumes, les plot twists et l’univers enchanteur, difficile de mettre Harry Potter ailleurs que sur l’étagère des bouquins que tu ne peux jeter.
Passons à un autre (contre) exemple: My Hero Academia.
Le cas de My Hero Academia
Pourquoi regarder My Hero Academia m’a-t-il permis de décupler la force de mes personnages?
Pas de spoilers en approche :).
Quand j’étais plus jeune, je ne supportais ni les manga, ni les animes. Ma génération était la génération Dragon Ball Z. Tous les jeunes garçons que je côtoyais regardaient ça… Moi j’en avais horreur. Je trouvais cela inintéressant, sans âme, fait de scènes à rallonge sans intérêt. C’était tellement mieux de me plonger dans Ewilan, Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux et tous mes jeux-vidéos (Skies of Arcadia, Final Fantasy <3).
Question de point de vue, évidemment.
Pendant très, très longtemps, j’ai mis toute cette littérature dans la même case jusqu’au jour où j’ai découvert Death Note et que j’ai compris qu’il y avait bien plus de profondeur dans l’écriture japonaise que je ne le pensais. Et ce n’est pas pour rien…
Death Note, c’est une référence pour les jeunes adultes, loin de la catégorie Shonen (qui veut dire jeune garçon / ado en japonais), l’histoire est complexe et les personnages aussi. C’est ça qui m’a attiré, loin de la superficialité que je trouvais à DBZ.
Pourtant, même les Shonen peuvent garder cette présence.
C’est le cas de My Hero Academia (MHA).
Qu’est-ce qui fait d’un personnage, qu’il soit héros ou vilain, un personnage mémorable?
Comment se sentir proche de lui, compatir, l’aimer, le comprendre?
En lui donnant une âme. En donnant une âme à nos personnages, qu’ils soient bons ou mauvais.
Dans MHA, il y en a un paquet, des personnages. Pourtant, tous ceux que l’on voit à l’écran en ont une, d’âme!
Et quand on sait que l’on suit déjà une classe de 20 jeunes plus toutes les personnes avec lesquels ils interagissent, plus tous les vilains, plus tous les héros, plus…. On monte une liste d’une centaine de personnages, tous aussi bien construits les uns que les autres.
Pourquoi? Voilà ce que je note:
- Tous les héros ont un but précis ancré dans leur passé et leur cœur: chaque futur héros veut devenir un héros pour des raisons variées et très fortes: soutenir sa famille, se prouver sa force, devenir un symbole de paix, ne plus être faible…
- Les vilains principaux ne sont pas que “méchants”: ils ont eux-mêmes une histoire qui les a menés à qui ils sont aujourd’hui, que ce soit une déception liée à l’enfance, le désir de venger leur famille, d’instaurer un nouvel ordre… Ce ne sont pas des porteurs de chaos gratuit et vide de sens.
- Les relations entre les personnages sont authentiques et entrelacées: les interactions des uns affectent le développement des autres et ils grandissent ensemble grâce à cela, que ce soit avant ou pendant l’histoire.
Et c’est ça que tu peux garder, justement:
- Tes personnages ont une âme, un but rythmé par des faiblesses. Bon ou mauvais, ce ne sont pas des coquilles vides ou superficielles.
- Tes personnages évoluent avant, durant et après ton histoire: que ce soit en bien ou mal, leur vie et leurs interactions avec les autres donnent forment à leur personnalité.
- Ils ont une personnalité forte qu’il est possible de repérer et d’identifier facilement.
Alors, quand tu écris tes personnages, pose-toi ces questions:
- Ton personnage existe-t-il avant et après (si pertinent) ton histoire?
- Face à un dialogue, suis-je capable de deviner quel personnage parle sans le mentionner?
- Est-ce que mon personnage est différent entre le début et la fin de mon histoire?
- Si j’enlève mon personnage, est-ce que cela affecte mon histoire ou un autre personnage? Est-il irremplaçable, interchangeable?
- Ce personnage me fait-il ressentir des émotions, quelles qu’elles soient?
Avec cela en tête, je suis sûr que toi aussi, tu arriveras à créer des personnages mémorables. Et si tu es arrivé|e jusque-là, pourquoi ne pas me donner tes propres exemples de personnages bien construits?
Donne forme à ton personnage…
Ton personnage, en dehors de ton histoire même, a sa propre vie. Il est né quelque part, a grandi dans un milieu social et familial, a des rêves, des passions, des peurs et des doutes. L’histoire que tu écris est un chapitre de son histoire à lui et tu ne dois pas l’oublier!
L’histoire que tu écris n’est qu’un chapitre dans l’histoire de ton personnage.
Bien sûr, tout ça, ce sont de belles paroles, hein? “Donne vie à tes personnages”! Mais avant de leur donner vie, il faut leur donner une identité.
En fait… C’est faux.
Tout ce que tu vas lire juste ensuite, c’est presque superficiel dans l’ordre des choses. C’est externe, pour ainsi dire, et pourtant essentiel à sa juste manière. Alors, voici quelques questions qu’il est intéressant de te poser:
- Passeport: nom, prénom, date et lieu de naissance, visage…
- Goûts: parfum de glace, fruit préféré, aliments détestés, couleur favorite…
- Entourage: famille, ami|es, crush…
- Enfance: études, lieu de vie et de croissance…
- Vie actuelle: lieu de résidence, environnement social…
- …
Toutes ces questions ne sont pas primordiales et d’autres peuvent être importantes comme le groupe sanguin (admettons que tu vives sous la peur d’une bête magique qui ne se nourrit que de type AB+ et que c’est, comme par hasard, le groupe sanguin de ton héroïne…) ou encore la longueur des cheveux en centimètres car c’est un symbole de force et de maturité dans une culture de ton monde. Ce sont des choses qui sont à réfléchir en fonction de ton univers et de la nature profonde de ton personnage, justement!
…puis vie
Mais je sais bien que je ne vais pas te satisfaire avec cela seulement. C’est pour cela que je vais te partager une ressource que je trouve fantastique et à laquelle je n’avais jamais pensé avant de la retrouver dans mes recherches pour cet article: 16personalities.
Je ne vais pas rentrer dans les détails des études menant à cette catégorisation (en anglais, pour le coup) mais en gros 16personalities s’inspire notamment des études de Myers–Briggs (mère et fille) qui définissent 5 grands types de personnalités et celles de Carl Gustav Jung qui définit 2 types: ceux qui se concentrent sur le monde intérieur (introvertis) et ceux qui se concentrent sur le monde extérieur (extravertis).
Alors ok, tu vas me dire…
Mais Pierre-A! Tu parles de la richesse des êtres humains et après tu nous mets dans des boîtes…!
Oui et non. Je te conseille de faire gratuitement le test pour toi si ce n’est pas déjà fait et tu comprendras mieux ce que j’essaie de te dire. Ces 16 personnalités sont plus complexes qu’elles n’y paraissent.
Maintenant que cela est explicité, retourne sur la liste des types. Parmi ces 16 grands types, tu trouveras des histoires infinies à raconter:
Spoiler alert, je vais faire n’importe quoi avec le féminin et le masculin et je m’en fiche.
- L’Architecte (INTJ-A / INTJ-T): imaginatif, stratège, un plan pour tout: pourrait-elle être une chef de guerre aux plans de bataille incroyables, tels ceux de Ragnar?
- L’Inspiratrice (ENFP-A / ENFP-T): esprit libre, créatif, enthousiaste, optimiste: et si c’était un artiste dont la musique avait un pouvoir magique qui instillait une joie sincère dans le cœur des gens?
- Défenseur (ISFJ-A / ISFJ-T): protectrices, dévouées, prêtes à tout pour défendre les siens, telle Sigríður Tómasdóttir, la femme prête à se sacrifier pour protéger les eaux de Gulfoss (Islande) face à l’industrialisation.
- Entrepreneur (ESTP-A / ESTP-T): astucieuse, perspicace, à la pointe du progrès: pourquoi pas une génie mécanique qui bidouille dans son garage telle Brigitte dans Overwatch?
Et là, je n’en ai fait que 4… sur 16! Et tu as une infinité d’autres choses à dire, de mélanges à faire, d’histoires à raconter.
Mais tu vois, tout cela encore, c’est bien beau… et superficiel.
Ce ne sont que des mots que l’on entre dans la silhouette de nos personnages. N’importe qui peut être vaillant, fourbe, curieux, ingénieuse… Ce qui compte c’est… pourquoi? D’où viennent ces traits de caractère, pourquoi ton personnage est ce qu’il est au moment de ton récit?
De la théorie à la pratique, baby
Maintenant que tu as une première piste solide, une base de réflexion, imagine un personnage qui découlerait d’un tel archétype. Pose-toi ces questions:
- Quelles sont ses ambitions?
- Quelles ses ses peurs?
- Quels sont ses rêves?
- Qu’est-ce qui lui apportera du bonheur?
- Qu’est-ce qui manque à sa vie?
Waaait a minute… mais y’a un plan, là?
Héhé. Je vois que mon article sur les scénarios te sert à quelque chose.
- Quelle serait la personne pouvant l’empêcher de se sentir mieux?
- Quels sont des traits de caractère particulièrement reconnaissables?
- …
Il y a une citation du bouquin Save the Cat que j’aime bien: “Give ’em a limp and an eyepatch!“, autrement dit, fais boiter tes personnes et mets-leur un cache-œil ;) .
Il faut que tes personnages soient reconnaissables: une cicatrice, des cheveux volumineux, une démarche sautillante, un regard perçant, une tendance à mettre des chaussettes dépareillées… Ou totalement l’inverse: insipide, plat, fade, ce qui peut largement les détacher des autres personnages!
Mais reste dans le naturel (enfin, tant que ça colle à ton monde anyway). Ne rentre pas dans les clichés du grand brun ténébreux au regard de braise ou à la timide adorable qui a toujours le regard baissé derrière ses grandes lunettes ou les gens overly originaux que tu croiserais jamais dans la vie (ou dans ton monde anyway). Pourquoi? Parce que dans le mot “cliché”, y’a “cliché” et que les filles aussi peuvent être des brunes ténébreuses (mais qui rentreraient dans l’autre cliché de la femme fatale…) et que les mecs peuvent être timidement adorables (pour alors être des nerd introvertis… grrrhh)
Et les animes dans tout ça, avec leurs cheveux plein de couleurs, leurs archétypes bien ancrés?
A chaque univers, chaque medium, ses codes… ses exceptions.
Rappelle-toi: tu veux que tes personnages soient réalistes et complexes comme nous tous. Si tu verses dans les clichés, tu risques de les rendre superficiels!
Alors, oublie les archétypes de la jeune dynamique sautillante un peu sauvage mais avec le cœur tendre ou le pervers narcissique qui n’est défini que par son goût prononcé pour les ceintures en cuir. Ce ne sont pas des identités, ce sont des clichés.
Cela dit, si tu veux vraiment aller dans cette direction, ça ne fera pas de ton histoire une mauvaise histoire car il s’agit majoritairement de l’extérieur. Tout se joue à l’intérieur.
On en reparle après, d’accord?
Oui!
Chouette!
Cette personnalité que tu forges, tu dois la visualiser clairement et pouvoir toi-même différencier tes personnages à l’aveugle sinon… Comment feront celles et ceux qui te lisent ou t’écoutent?
Mon astuce: écris un dialogue entre tes personnages mais ne mets pas les noms. Es-tu capable de reconnaître qui parle?
Si c’est non, tu as encore du boulot ;)
Passons à la suite!
Ma formule magique en 5 incantations
J’ai testé beaucoup de choses, lu beaucoup de bouquins associés à l’écriture de manière général, rencontré beaucoup de frustrations.
J’aimerais donc te partager le résultat de mes réflexions pour que tu n’aies pas à faire face aux mêmes difficultés!
Bien entendu, je te donne là une piste qui aidera et enrichira ton propre processus de réflexion et non une méthode infaillible puisque… ça n’existe pas :)
Ce processus, je l’ai découpé en 5 chapitres qui me permettent de visualiser le développement de mon personnage du début à la fin de mon récit, tout en décelant des pistes pour le faire interagir avec le scénario de mon histoire.
Here we go…
- Fantôme & Conviction Erronée: quelque part dans le passé de ton personnage, un événement l’a profondément marqué au point de changer sa vision du monde et de lui faire voir ce monde à travers un prisme brisé. Cet événement, c’est un fantôme dans son passé qui le hante au cours de l’histoire que tu contes.
- Faiblesse & Besoin: cette fausse croyance a créé une faiblesse ancrée dans ton personnage qui affecte ses actions et son comportement face aux autres au point de faire du mal. Pour trouver le bonheur et grandir intérieurement, il doit débloquer la part qui le ronge sans même en connaître l’existence… Cette réalisation, ce remède à chercher, c’est le besoin.
- Désir: ton personnage souhaite accomplir quelque chose dans sa vie, dans son futur, un élément externe: c’est son désir, celui qui le fait avancer dans son récit (autrement dit: la base de tons scénario).
- Révélation Personnelle: ton personnage prend conscience de la perversion de son regard sur le monde et fait face à sa faiblesse tout en comprenant son besoin profond. L’action qu’il entreprendra alors définira son destin.
- Nouvel Équilibre: que ton personnage ait trouvé la clé de son bonheur ou qu’au contraire il soit tombé encore plus bas, il a franchi une nouvelle étape clé de sa vie qui le mène alors vers un nouveau cycle.
Je me doute que tout cela te paraisse bien abstrait alors je vais te donner quelques exemples…
Spoilers en approche, je te mets les titres :)
Avatar: The Last Airbender – Aang
Comme pour beaucoup d’histoires, il n’y a pas un seul cycle de ces 5 chapitres mais plusieurs. Celui que j’ai en tête concerne Aang et le bending / la maîtrise du feu.
- Fantôme et Conviction Erronée: plus que lié à son passé, il s’agit d’un événement lié à son parcours dans sa quête du feu dans le Livre 1. Il apprend auprès de Jeong Jeong mais son arrogance et sa certitude d’y arriver lui font perdre le contrôler et blesser son amie Katara au point de lui brûler les mains. Cet événement inscrira en lui une autre certitude, celle que le feu est dangereux, synonyme de douleur et de destruction; il jure de ne jamais plus s’en servir, en dépit de son destin d’Avatar qui l’oblige à maîtriser les quatre éléments (feu, terre, eau, air).
- Faiblesse et Besoin: les deux sont plutôt simples: en refusant la maîtrise du feu, il s’ampute d’un élément majeur de son apprentissage et il a besoin de découvrir que le feu n’est pas qu’un outil de destruction et qu’il la source même de la vie et des énergies.
- Désir: simple aussi: continuer sa quête en tant qu’Avatar et accomplir son destin sans bending du feu.
- Révélation Personnelle: lorsqu’il va au Temple du Soleil avec Zuko (bien plus tard, Livre 3) et fait la rencontre des dragons Ran et Shaw, il découvre que le feu est bien plus que ce qu’il pensait lors de ses débuts avec Jeong Jeong.
- Nouvel Équilibre: ses yeux ouverts sur la véritable nature de cet élément, il se lance à cœur perdu dans la maîtrise de cet art, faisant ainsi un pas de plus dans l’accomplissement de son destin.
Tu comprends mieux?
Dans cet exemple précis, il s’agit d’une part du voyage d’Aang mais tu peux en réalité reproduire cela pour son voyage complet entre son réveil 100 ans après sa fugue jusqu’à son combat épique avec le Seigneur du Feu Ozai.
L’Envol de Cathlyn – Cathlyn
Alors cette histoire je la connais bien, c’est moi qui l’ai écrite, je devrais savoir deux / trois choses dessus…
- Fantôme et Conviction Erronée: paralysée par une chute d’escalade quand elle était plus jeune, Cathlyn est persuadée qu’elle n’accomplira jamais ses rêves de découvrir les plus beaux endroits du monde, qu’elle sera toujours prisonnière de son corps.
- Faiblesse et Besoin: sa certitude de ne pouvoir trouver le bonheur rend sa vision d’elle-même fragile et pleine d’insécurités; elle a besoin de comprendre que son état physique ne la définit pas ni ne définit sa capacité à être heureuse… et être aimée.
- Désir: ayant découvert le jeu Beladriel qui lui permet de voler dans un monde virtuel avec autant de réalisme que dans la réalité, elle n’a d’autre envie que de s’y plonger et d’y goûter au bonheur sans retenue.
- Révélation Personnelle: au détour d’une tromperie qui agit comme un électrochoc, sa meilleure amie Sarah lui fait comprendre que son univers, sa vie, ne se limite pas à son fauteuil roulant et qu’elle pourra toujours atteindre ses rêves, d’une manière ou d’une autre.
- Nouvel Équilibre: Cathlyn goûte de nouveau à la vie et avec l’aide de ses parents, raccroche un cadre d’elle et Sarah avant son accident. C’est un nouveau départ pour elle qui n’a plus besoin des ailes de son avatar pour être heureuse.
Je ne te cache pas que ces 5 étapes, je ne les avais pas quand j’ai écrit cette histoire mais c’est aussi une histoire dont l’écriture m’a particulièrement marqué. Je pense sincèrement qu’elle a cet effet parce que ces étapes y ont leur place.
Overwatch – Reinhardt
Difficile de ne pas faire une référence aux jeux-vidéos quand on est… moi!
Pourquoi les joueurs d’Overwatch sont dingues de ce jeu? Pour le jeu en lui-même, d’accord, mais aussi pour la richesse de ses personnages, toutes les histoires qui s’enchevêtrent et la profondeur de son lore.
Moi, le personnage que je joue le plus et qui est mon préféré, c’est Reinhardt. Voici son histoire en vidéo (version française ici):
Découvrons-donc, à travers ce court-métrage, à quoi ressemble notre formule magique:
- Fantôme et Conviction Erronée: quoique le fantôme du passé n’est pas clairement spécifié, une fausse croyance existante chez Reinhardt est son infaillibilité et sa certitude qu’être un Crusader est le plus grand des honneurs en tant que tels, tel qu’on le devine dans sa discussion avec Balderich von Adler.
- Faiblesse et Besoin: persuadé qu’il est invincible et qu’il vit pour combattre, il ne prend guère soin des personnes qu’il doit protéger; il a besoin de comprendre que sur le champ de bataille, l’honneur n’est pas que dans le combat mais aussi dans la protection des siens.
- Désir: se battre, casser de l’omniacs et trouver la gloire! Honor & Glory!
- Révélation Personnelle: par ses actions et son égoïsme, il a mis en péril la vie de ses troupes mais aussi, et surtout, celle de son mentor qui reçoit une blessure mortelle pour le protéger. Cet événement est ce dont il avait besoin pour avancer et prendre position là où est sa place: auprès de ses soldats.
- Nouvel Équilibre: Reinhardt rejoint ses troupes et les protège des attaques ennemies plutôt que de foncer dans le tas. A posteriori, il remplacera Balderich face l’appel d’Overwatch, une organisation de protection de la planète, lui qui était persuadé que rien ne rivalisait avec le statut de Crusader.
La magie de cette structure est que tu vois là l’arc associé au passé du Crusader mais ce chapitre dans sa vie devient alors l’origine d’un nouveau cycle pour lui.
En effet, dans sa discussion avec Brigitte des décennies plus tard, il énonce qu‘il doit répondre à l’appel. C’est son devoir. En allant plus loin, nous pouvons imaginer une faiblesse qui est de vouloir protéger les siens au risque de se sacrifier – tel son mentor pour lui – et le besoin de savoir s’arrêter jusqu’à, admettons, un nouvel équilibre où il prend sa retraire et laisse la guerre derrière lui, pourquoi pas?
Lie ton personnage à ton histoire
Interne & Externe
Ajoutons une nouvelle épaisseur à la construction de nos personnages: l’Externe et l’Interne.
L’externe, c’est tous les événements qui grandissent en dehors du protagoniste: les autres personnages, son environnement, les histoires politiques mais aussi, dans une certaine mesure, son propre physique, ce à quoi il ressemble, ses goûts…
L’interne, pas par opposition, est ce qui grandit dans ton personnage: l’origine de ses désirs, de ses peurs, de son but, l’origine de ses goûts.
Exemple…
Il a une une cicatrice sur l’arcade gauche: externe.
Il a une cicatrice sur l’arcade gauche car il s’est mis au défi de faire du handstand sans support et ainsi se prouver qu’il est capable de dépasser ses limites, lui qui a trop grandi et laissé ses folies d’enfance derrière lui: interne.
Laisse-moi deviner, t’as une cicatrice sur l’arcade gauche?
Maintenant que tu sais ça je dois te faire disparaître.
Dans cet exemple, la cicatrice en elle-même n’est que superficiel; c’est son origine, le pourquoi qui est intéressant! Tu peux difficilement construire une histoire autour d’un simple handstand mais tu peux aisément faire un court métrage sur les origines de cette envie, sur ces conséquences et sur son dénouement (spoiler alert: je ne sais toujours pas faire du handstand sans support).
Tu vois comment les deux s’enchevêtrent?
Reprenons les 5 chapitres précédents mais franchement, tu peux t’en sortir avec ta propre structure et je vais t’expliquer pourquoi.
Rappel:
- Fantôme et Conviction Erronée
- Faiblesse et Besoin
- Désir
- Révélation Personnelle
- Nouvel Équilibre
Particulièrement externe, le désir est un but de ton personnage face à son monde: c’est ce qui est unique à ton histoire, ton scénario, tout simplement. Détruire l’anneau, devenir Jedi, retrouver le Black Pearl, tout ça c’est ton scénario.
C’est aussi l’externe qui pousse ton personnage vers une prise de conscience de son besoin profond qui lui est universel et surtout, inconnu de ton personnage jusqu’à sa réalisation. Universel parce que lié au cœur, à sa nature d’être vivant: aimer, être heureuse, être un soutien, devenir quelqu’un…
Externe et Interne sont donc intrinsèquement liés: l’interne ne peut avancer sans l’externe et l’externe n’a pas de saveur sans l’interne… et inversement.
Pourtant, il te faut commencer par l’interne car c’est ça qui connecte tes lectrices et lecteurs, c’est ça qui donne la saveur à ton histoire et qui lui donne sa caractéristique de dopamine!
En réalité, et parce que les besoins internes sont universels, ton externe n’a que peu d’importance dans la réalisation de ton histoire, en comparaison. Par exemple…
Hamlet et le Roi Lion. Bon, ce n’est plus un secret, le Roi Lion est une adaptation directe de Hamlet mais dans un tout autre univers: celui de la savane. Ah c’est sûr qu’en étant un dessin animé avec des animaux trop mignons, l’externe est plus excitant pour les enfants (et nouuus) que ne l’est la pièce de théâtre! Mais c’est bien ce que c’est: de l’externe. L’interne est sensiblement le même.
Ce que j’essaie de te dire par là c’est que ton interne se suffit à lui-même mais que l’externe permet de lui donner forme.
Si on garde le Roi Lion, ton externe aurait était bien fade sans l’interne puisqu’il ne s’agirait dès lors que d’animaux dans la savane qui passent la moitié de leur vie à chanter. Rajoute un prince qui a gandi en pensant que son père était mort par sa faute et qui doit affronter ses peurs pour reprendre le contrôle de la savane et venger sa famille et bam, tu as tout de suite quelque chose de bien plus appétissant. Hakuna Matata.
Mais est-ce que ça veut dire que n’importe quel “externe” peut fonctionner avec l'”interne”?
Pas tout à fait. Parce que les deux sont liés, l’un donne sa saveur à l’autre. Si nous reprenons l’exemple d’Avatar, l’équilibre politique entre les éléments, leur maîtrise et comment ils affectent ce monde sont uniques à cet univers et il n’est pas possible de transposer leurs effets sur Aang dans un autre.
Non, ce qu’il faut alors si tu souhaites “reproduire” le développement d’Aang dans un autre univers, c’est t’assurer que l’impact dudit univers sur ton protagoniste soit organique.
Same but different.
Imaginons que nous souhaitons transformer le genre d’Avatar pour le faire passer de fantasy à science-fiction. Nous devrions alors mettre de côté ce qui s’apparente à de la magie pour intégrer des éléments plus scientifiques (en gros, hein). Soyons fou, pourquoi pas des robots intégrés dans le quotidien des habitants d’un monde régit par le métal et dans lequel nous nous concentrons sur des robots de combat car l’un des multiples gouvernements de ce monde s’est accaparé les ressources les plus précieuses pour créer des monstres de ferraille et ainsi asseoir sa domination. Une mécanicienne de génie souhaitant fuir son destin pour se la couler douce est rappelée à la réalité lorsque son village est attaquée. Son meilleur ami, dans son dernier souffle, lui supplie de mettre fin à la terreur imposée par cette nation despotique. Si elle veut rivaliser avec l’ingénieure en face d’elle, elle devra apprendre auprès des plus grands cerveaux et ainsi devenir l’espoir de son monde.
Boom.
Avec un contexte pareil, tu peux aisément “reproduire” l’évolution d’Aang en y intégrant un univers totalement différent, si ce n’est opposé. Ce que je trouve formidable dans cet mécanique, c’est que tu peux alors écrire une histoire qu’importe l’univers qui te fait rêver toi sans avoir de limites.
Ce mélange, je l’appelle l’astuce de la Glace Menthe-Chocolat et je t’en parle davantage dans mon article sur comment trouver l’inspiration.
1 personnage, 1 histoire sans fin
Tout ce que je t’ai dit là, c’est autant valable pour ton personnage principal que pour ton antagoniste, tes personnages secondaires et tous les êtres vivants de ton histoire. Chaque personnage est le protagoniste de sa propre histoire et peut bien être l’antagoniste de celle d’un autre.
Rassure-moi, ça veut pas dire que je dois avoir le même niveau de détails pour chacun, si…?
Par les Originels, non!
Ton – ou tes – personnage principal est celui sur lequel tu dois le plus travailler (avec ton antagoniste) car ce sont eux les messagers de ton histoire, de ta vision et de ta conscience. Pour autant, rien ne t’empêche d’accorder autant de cœur à l’ouvrage pour tes autres personnages, bien au contraire. C’est, dans une certaine mesure, ce que fait My Hero Academia où chaque étudiant pourrait bel et bien être le protagoniste de l’histoire; il s’avère simplement que la vie de Midoriya est l’angle choisi. A contrario, il y aurait peu de chance d’avoir un autre protagoniste dans Harry Potter.
Dois-je forcément avoir plusieurs personnages?
Nope. Tu peux n’en avoir qu’un seul perdu au milieu d’une île déserte avec la nature comme seule compagnie ce qui ne t’empêche pas de reprendre la formule magique plus haut. Survivre, trouver un abris, s’échapper, apprivoiser un renard… Ce sont autant de possibilités qui mèneraient au développement de ton personnage.
There you have it: comment rendre tes personnages fascinants.
A toi de jouer, petite plume, et n’hésite pas à passer par mon article sur l’écriture fantasy pour avoir une vision plus globale sur le sujet!
Cheers :)